« Peut-être résonne t-elle de façon plus douce, plus tendre, cette voix d’enfant qui s’évanouit comme un nuage à l’âge adulte ?
C’est selon, mieux vaut se garder d’idéaliser l’enfance comme les poètes.
Un enfant est une personne douée de conscience, simplement, il n’a pas le droit à la parole dans un monde d’adultes. Les enfants ne sont pas non plus des anges, ils peuvent même être méchants.
Ce n’est pas le cas du petit garçon que met en scène Élie PRESSMANN, dans le monologue qu’il a écrit et qu’il interprète lui même. Il est dit dans la note d’intention que c’est un vieil homme qui raconte l’histoire d’un enfant durant la seconde guerre mondiale. Mais en vérité sur scène, le vieil homme et l’enfant se confondent complètement. C’est très étrange comme sensation.
On pourrait parler d’alchimie du verbe. Il y a des émotions comme des couchers de soleil qui accompagnent toute une vie. Banale formulation qui a juste le mérite de la simplicité. Le petit garçon juif dont il est question a vécu la nuit en plein jour, celle de l’exode avec ses sœurs, celle de la séparation avec ses parents. Et puis l’éclaircie fondatrice lorsqu’il fut accueilli par un savoyard retraité de la poste, athée et socialiste, Antoine BESSON qui lui fit découvrir le monde rural.
Élie PRESSMANN rapporte comment cet enfant fut heureux grâce à cet homme alors même qu’il souffrait cruellement de l’absence de sa mère. Par son témoignage, il entend exprimer qu’il existe aussi des bonnes gens sur terre, même si ce sont celles dont on parle le moins.
C’est une histoire d’amour que raconte en quelque sorte Élie PRESSMANN, l’image de la mère se confondant presque avec celle de ce grand père car tous deux ont risqué leur vie pour le sauver.Il témoigne aussi de la résistance morale d’un enfant en temps de guerre.
Ce petit garçon qu’on imagine très tendre devait aussi être très vif et plein d’énergie. Nous comprenons que le vieil homme lui tienne toujours la main et nous approuvons surtout qu’il lui donne la parole, de façon si pudique, si délicate ! »
Paris, le 29 Mars 2016
Évelyne Trân